La diaspora gabonaise favorable à un dialogue inclusif et souverain écrit à l’Ambassadeur du Gabon en France

À monsieur NGOYO MOUSSAVOU

Ambassadeur du Gabon en France,

Monsieur,

Dans la continuité des travaux menés en session extraordinaire les 19 et 26 novembre 2016 à Paris et suite au communiqué du 07 décembre 2016, la Coalition des Associations et Partis Politiques pour le changement et l’alternance démocratique au Gabon (la CAPPO), le Mouvement des Femmes Commandos et la Coalition D-T-E, viennent par la présente porter à votre connaissance leur contribution patriotique et politique relative à la tenue du dialogue inclusif appelé par les autorités gabonaises, dialogue que nous voulons National, Inclusif et SOUVERAIN.

C’est parce que il est de notre devoir en tant que citoyen de la République et de notre responsabilité en tant que mouvements politiques de la diaspora œuvrant pour le changement et l’alternance démocratique au Gabon, que nous souhaitons solennellement porter au cours de ce dialogue, un plan de paix, de réconciliation de la Nation pour une transition apaisée.

Depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 27 Aout dernier, notre pays connait une grave crise qui, si elle perdure, risque de plonger tout le pays dans la violence et le chaos le plus total. Aucun citoyen conscient des dangers  qui guettent le Gabon aujourd’hui, ne veut en arriver à de tels extrêmes. D’où la nécessité d’engager immédiatement la nation sur la voie du dialogue SOUVERAIN, de la réconciliation, et surtout, de la Réforme des institutions de la république.

Afin donc d’éviter le pire et dans le souci de préserver la paix et la cohésion sociale afin de garantir à notre nation des lendemains meilleurs par une modernisation concertée des modes de fonctionnement et de gestion de notre pays, nous, gabonais de la diaspora réunis au sein du collectif DTE, de la CAPPO et du Mouvement des Femmes Commandos répondons favorablement à l’appel au dialogue sous réserve de l’acceptation d’un certain nombre de préalables.

Nous constatons néanmoins que le dialogue qui jadis fut la voie privilégiée pour régler les différents dans nos corps de garde, est aujourd’hui boudé par une frange de la population qui, à partir des expériences précédentes, estime à tort ou à raison que des politiciens en quête de légitimité, utiliseraient la voie du dialogue, non pas pour apporter des solutions durables aux problèmes des gabonais, mais pour assouvir leurs propres besoins.

Monsieur l’Ambassadeur,

Depuis la Conférence Nationale de 1990, le régime Bongo, dont certains membres se trouvent aujourd’hui dans les rangs de l’opposition, a totalement dénaturé l’esprit réformiste qui a prévalu au cours de ces assises, ramenant progressivement le pays à une « République monarchique » où le pouvoir se transmet de père en fils.

Après les Accords de Paris, il y a eu les Accords d’Arambo etc.  Au sortir de ces multiples concertations, des résolutions furent adoptées mais jamais appliquées. Le blocage politique, né de l’élection présidentielle truquée d’Août dernier, que fait face notre pays aujourd’hui est la preuve que ces discussions antérieures n’ont pu apporter des solutions durables aux maux qui minent notre société.

L’origine de la crise, profonde et multiforme que traverse notre pays aujourd’hui, est lointaine, c’est pour cela que nous pensons que le dialogue SOUVERAIN auquel nous souhaitons prendre part ne saurait être considéré comme une simple tentative de résolution d’une crise postélectorale. En effet, s’il est bien amorcé, ce dialogue devrait permettre aux gabonais de voir se réaliser leur désir d’une nation démocratique dans laquelle l’état de droit est consolidé.

Nous croyons, Monsieur l’ambassadeur, que la solution aux problèmes que traverse notre pays  passe par des réformes profondes qui aboutiraient à un changement radical du  système politique en place. Il faut pour cela que chaque portion de la population gabonaise s’engage, dès maintenant, dans un esprit d’introspection qui permettrait à notre pays, sans haine et sans violence, de commencer le processus de réforme, de dialogue et de réconciliation nationale qui épargnerait à notre pays les affres de la violence.

Ainsi, malgré les échecs des discussions précédentes, nous continuons de croire aux vertus du dialogue SOUVERAIN et c’est à ce titre que nous souhaitons prendre part aux prochaines discussions sous réserve de l’acceptation des préalables ci-après:

  • Le dialogue auquel nous souhaitons prendre part doit être un dialogue SOUVERAIN et doit aboutir à une réforme de la constitution du Gabon.
  • Ce dialogue doit être supervisé par des représentants de l’ONU, de l’UE, des USA et de l’UA
  • Le pouvoir doit reconnaitre le caractère « pas crédible » des résultats de la dernière élection présidentielle et doit prendre en compte de manière totale les recommandations du rapport de la Mission d’Observation de l’Union Européenne
  • Le dialogue doit aboutir à la mise en place d’un gouvernement de transition chargé de l’organisation d’un referendum qui devrait valider la nouvelle constitution suivi d’une nouvelle élection présidentielle dans un délai d’un an maximum après le referendum. Le tout sous la supervision de la communauté internationale (ONU, UE, USA, UA etc.)
  • La libération et l’indemnisation des prisonniers politiques sans exception et sans conditions.
  • L’ouverture d’une enquête nationale qui établirait les responsabilités des massacres postélectoraux
  • L’indemnisation de toutes les victimes de la crise postélectorale
  • Le retrait du dispositif militaire autour des résidences des membres de l’opposition, le retour des forces armées gabonaises dans les casernes et l’arrêt des intimidations envers les personnalités politiques, les journalistes etc.
  • Des garanties de sécurité et une immunité pour les participants au dialogue SOUVERAIN
  • La retransmission en direct à la télévision nationale et à l’international du dialogue SOUVERAIN

Monsieur l’ambassadeur, la réforme du Gabon n’est pas une question d’opposition ni de régime au pouvoir, elle n’est pas une question pour tel groupe ou pour tel autre : elle est une question pour le Gabon. Si, donc, l’appel au dialogue lancé par les autorités gabonaises est  sincère et dénué de tous calculs politiciens dont le but serait, comme le pense une partie de nos compatriotes, d’asseoir et de légitimer un pouvoir pourtant vomi par les populations lors des dernières élections, s’il subsiste en nos représentants de la moralité et garants de l’intégrité des institutions de la République, une once de ce patriotisme qui, depuis 50 ans, a manqué à ce pays, nous les invitons, dès maintenant à accepter ces préalables qui, de toute vraisemblance, devraient crédibiliser cette énième concertation tout en garantissant une mise en application et le respect par tous des résolutions qui en découleraient.

Par conséquent, nous considérons, tout en restant ouvert à la discussion, que tout refus de ces préalables patriotiques constituerait l’ultime confirmation du régime en place comme un régime qui, non seulement s’est imposé par la force et par le sang, mais recherche criminellement la mort du Gabon.

Nous sommes ainsi disposés pour tout entretien que vous voudrez bien nous accorder, dans cette perspective, nous vous prions de bien vouloir agréer, monsieur l’ambassadeur, l’assurance de nos salutations patriotiques.

Fait à Paris le, 29-12-16

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